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Les La Tour d’Auvergne

Marie d’Apchier, nommée plus haut, s’était mariée, le 30 mai 1663, à Jean de La Tour d’Auvergne, baron de Murat-le-Quaire, des Bains-du-Mont-Dore, fils de Jacques et de Françoise de Biau de Gibertès (63), laquelle était fille de Claude, seigneur de Gilbertès, de Cronce et de Séneret, et de dame Claudine de La Chapelle de La Vigne. Leur fils, Jean Maurice, comte de La Tour d’Auvergne, fut donc institué, comme nous venons de le voir, héritier universel, par son oncle Henri-Louis d’Apchier. Il entra par ce fait même en possession de la terre de La Clause (64). En conséquence, comme il était stipulé dans la donation, il prit le nom et les armes d’Apchier, et s’intitula « comte de La Tour d’Auvergne d’Apchier ». Il habitait an château de Gibertès.

Cette demeure, située à deux kilomètres environ au sud de Cronce, avait été la résidence des Blau de Gibertès ou Gilbertez qui portaient à peu près les armes des de Lastic : « d’azur à la fasce d’argent ». C’était une vieille race féodale qui s’allia avec les de Chavagnac, les de Séverac, les de Chauderasse, les de Tailhac, les de Saint Nectaire, les de Dienne, les vicomtes de Thiers, les de La Roche Toumoel, les de Chalmazel, les de La Tour d’Auvergne, i.e. tout ce qu’il y avait de plus né en Auvergne et en Forez.
Comme personnages marquants, nous y trouvons Guillaume ; fait prisonnier à la bataille de Poitiers (1356,), il dut donner 300 florins d’or pour son rachat. Dans son testament, il laissait une somme pour l’entretien des ponts de l’Allier, comme on le faisait à cette époque. — Un autre Guillaume fut chambellan et conseiller de Louis XI. — Un troisième fut écuyer de Catherine de Médicis. — Le dernier de la maison fut Pierre ; page du roi, en 1769, il épousa Charlotte, fille du marquis de Bruyères, président de la Chambre des Comptes ; il n’eut pas de descendance. Avec les de Tailhac, les Blau de Gibertès possédaient toute la partie de la Margeride comprise entre Saugues, au sud, Langeac, au nord-est, Lastic, au nord-ouest, autrement dit la partie la plus pittoresque (65).Jean Maurice de La Tour d’Auvergne d’Apchier appartenait à la famille la plus illustre d’Auvergne, issue des anciens ducs d’Aquitaine et comtes d’Auvergne. Elle a été féconde en grands personnages qu’elle a donnés à l’Eglise et à l’Etat pendant neuf siècles, du IXe au XVIIIe siècle.
La grandeur de cette maison paraît encore par ses alliances avec les plus illustres maisons de France et avec plusieurs maisons souveraines de l’Europe. Ce qui relève encore sa gloire, c’est l’avantage qu’elle a de s’être alliée quinze fois avec l’illustre maison de France, de lui avoir donné deux reines : Jeanne, première comtesse d’Auvergne et de Boulogne, épouse en secondes noces du roi Jean Le Bon, et Catherine de Médicis, qui était du sang d’Auvergne par sa mère, Madeleine de La Tour. Jean Maurice, comte de La Tour d’Auvergne d Apchier, baron de Thoras et de La Clause, marquis de Margeride près de Saint-Flour, servit avec distinction en qualité de major au régiment du Limousin, eut une jambe emportée au combat de Luzura, en Italie, le 15 août 1702. . . Lorsqu’il hérita, en 1710, du patrimoine de la branche cadette d’Apchier — Jean Couret étant régisseur de La Clause — il paraissait à l’abri de tout souci pécuniaire. Ce ne fut pas le cas. En réalité, cet héritage grève de nombreuses dettes fut pour lui cause de multiples tracasseries. Poursuivi par la haine de Christophe III d’Apchier, seigneur de Verdun, qui lui réclamait, outre les terres de Thoras, La Clause et Besque, une somme de 50 411 livres, il se vit dans l’obligation de demander la protection du roi.

Il épousa, le 18 février 1715, Catherine de Samctot, fille de Nicolas, seigneur de Vemars, maître des cérémonies de France et introducteur des ambassadeurs. De cette union naquirent :

1° — Claude, mort en bas âge ;
2° — Louis Claude Maurice, né en 1719, colonel du régiment de la Tour-d’Auvergne, fut tué à Mons, le 27 juillet 1747 ;
3° — Nicolas François Jules, comte puis duc de la Tour-d’Auvergne-d’Apchier, brillant officier comme le précédent, s’était déjà distingué dans plusieurs campagnes lorsqu’il fut appelé à remplacer son frère en qualité de colonel du régiment de la Tour-d’Auvergne à la tête duquel il se signala en plusieurs circonstances, notamment au siège de Namur et à la bataille de Raucoux, le 11 octobre 1746. Il se porta au secours de la Provence, en 1747 et 1748, et s’en tira honorablement. Le 20 février 1749, il commandait le régiment des Grenadiers de France et, deux ans après, celui du Boulonnais. Pendant plusieurs années à la tête de ce régiment sur les côtes de Bretagne, il contribua à la défense de Saint-Malo et combattit brillamment, en 1758, à Saint-Cast où il fut gravement blessé.

Promu au grade de maréchal de camp, en 1761, et à celui de lieutenant-général, le 1er mars 1780, il mourut en 1791, propriétaire de la terre de la Margeride (66). Le 27 octobre 1749, il avait rétrocédé la seigneurie de La Clause, à Joseph Randon de Chateauneuf d’Apchier, en paiement des créances que Christophe d’Apchier, frère de Henri-Louis, neveu de Joseph, avait sur les biens de la famille de La Tour.

 


NOTES

(63) De Lescure.
(64) « Tous les biens de la maison d’Apchier consistaient en 30000 livres de rentes de belles terres. » (Thiolent — Mémoire sur la maison d’Apchier).
(65) Nob. Auv., Bouillet. — Chron. de la Maison de Lastic, I, 402416.
(66) Bouillet, VI, 341-347. — Hist. des généraux français, IX, 290. — Tableau histor. de la Noblesse militaire, p. 398.